Des chiffres en trompe-l’œil

La DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques) annonce fièrement dans son dernier rapport : «La capacité d’accueil hospitalière a progressé». Allons voir de plus près.

Le nombre de lits en soins critiques, qui regroupent la réanimation, les soins intensifs et la surveillance continue, a effectivement augmenté en 2020 de 3,6%, Covid oblige. Alors Alléluia ou bof ?

Cette augmentation représente 800 lits supplémentaires. Le souci, c’est que pendant le même temps, le nombre total de lits d’hospitalisations a diminué de 5700!Cette baisse inexorable relève d’une volonté programmée du, ou plutôt des, gouvernement(s), à laquelle s’ajoutent les fermetures pour cause de manque de personnel.

Depuis 20 ans, les gouvernements successifs ont supprimé dans le système de santé public près de 100000 lits! Soit une moyenne de 5000 par an et l’on constate que le Covid n’a pas inversé cette tendance.

Les effets de cette volonté programmée de réaliser des économies par la fermeture de lits se voient amplifiés par une gestion au quotidien sous la contrainte de personnel insuffisant. On a beau disposer de lits et du budget afférent, si l’on manque de personnel médical et paramédical pour prendre en charge les patients qui vont les occuper, la Direction de l’hôpital sera amenée à les fermer,temporairement ou pas…

Jean–François DELFRAISSY, président du Conseil scientifique, évalue à 20% la proportion de lits fermés pour cause de personnel insuffisant. De façon très étonnante, la FHF (Fédération hospitalière de France) avance un chiffre se situant entre 5 et 10%. En un mot, on ne sait pas trop…

Ce que l’on sait, en revanche, c’est que, pour sauver le service public, le Ségur de la santé ne pourra pas se résumer à des augmentations de salaire. Même tout à fait justifiées, elles ne suffiront pas à redonner confiance et surtout l’envie aux personnels soignants de rejoindre l’hôpital public.

Didier VANQUELEF Référent régional santé